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Retour de « Nuits » avec Véronique Gens et I Giardini au Théâtre d’Hardelot

par Victoria Okada

Le Midsummer Festival du Château d’Hardelot (Pas de Calais) a proposé un week-end avec Véronique Gens.  La première soirée est consacrée au programme « Nuits », de mélodies françaises, et la seconde, « Retour à Lully » avec l’Ensemble Les Surprises. Nous avons assisté au concert de mélodies. 

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Plus d’un après la sortie du disque qui a connu un beau succès, le public retrouve enfin ce programme en concert. Distinguée pendant longtemps en tant qu’interprète de premier plan dans le répertoire baroque, Véronique Gens explore depuis quelques années l’univers du chant français de la période plus récente, des XIXe et XXe siècles. Le Palazzetto Bru Zane, dont elle est une des chanteuses phare de la « troupe », est étroitement liée à cette ouverture.
En effet, le programme « Nuits » a été conçu pour elle, sur mesure, avec des transcriptions de la partie du piano ou de l’orchestre pour un quintette avec piano.

Difficile équilibre entre les instruments et la voix

Véronique Gens et I Giardini au théâtre d’Hardelot © Victoria Okada

Plus d’un après la sortie du disque qui a connu un beau succès, le public retrouve enfin ce programme en concert.
Les musiciens d’I Giardini sont un peu trop enthousiastes pour laisser la voix résonner pleinement. Ou bien, l’acoustique de la salle joue-t-elle autrement aux oreilles des auditeurs qu’à celles des musiciens sur scène ? Possible. Toujours est-il que l’équilibre entre les instruments et la voix laissait désirer, c’est souvent le quintette qui devance par rapport à la soprano. Le Désir de l’Orient, mélodie issue d’un air de La Princesse jaune, opéra en un acte de Camille Saint-Saëns, constitue un bon exemple. L’atmosphère mystérieuse et sensuelle de l’Andantino, évoquée sur le tapis d’arpège à la harpe dans la version originelle, est interprétée de manière obsessionnelle, avec beaucoup de vibrato. Dans l’Allegro qui suit — il s’agit de l’Allegro de l’ouverture de l’opéra, ajouté à la mélodie dans ce programme —, alors que la cantatrice se retire dans les coulisses, les cordes et le piano prennent une vigueur véritablement débordante, comme s’ils ont eu un lâcher-prise…

Véronique Gens comme un reine dans La Chanson perpétuelle

Véronique Gens en concert, 2 juillet 2021 au Théâtre d’Hardelot © Pascal Brunet

Malgré tout, l’articulation claire et la diction parfaite de Véronique Gens, son timbre soyeux mais net, fascinent toujours. La chanteuse est majestueuse comme une reine dans la Chanson perpétuelle de Chausson, autour de laquelle le programme est construit. Les détails minutieusement pensés, pesant chaque mot, le dialogue subtil avec le quintette mais aussi entre chaque instrument… L’expression de détresse silencieuse, de chagrin retenu de la femme dans le poème est ainsi sublimée.
Véronique Gens sait toujours surprendre. En chantant La vie en rose d’Edith Piaf par exemple. Elle abolit les frontières des genres, grâce à sa propre technique vocale, pour ne laisser qu’une musique. Et c’est toujours un plaisir.

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Concert du 2 juillet, au théâtre élisabéthain d’Hardelot (Pas de Calais)

Véronique Gens (soprano)
I Giardini :
Guillaume Chilemme & Hélène Maréchaux (violon) ; Léa Hennino (alto) ; Pauline Buet (violoncelle) ; David Violi (pinano)
Alexandre Dratwicki (Conception du programme et transcription, directeur artistique du Palazzetto Bru Zane)

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