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« Gala de la voix » dévoile les talents de demain

L'École Normale de Musique Alfred Cortot organise la première édition du concert-concers

par Victoria Okada
Les lauréates avec le jury

La première édition du « Gala de la voix », qui a eu lieu 14 janvier dernier à l’École Normale de Musique de Paris Alfred Cortot sous la forme d’un concert-concours, a décerné le Premier Prix à la mezzo-soprano française Anne-Lise Polchlopek, et le Deuxième Prix et le Prix du Public à la soprano ukrainienne Inna Kalugina. Cet événement a réuni sept des meilleures chanteuses et chanteurs parmi les élèves de la discipline vocale.

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La scène semi-circulaire de la Salle Cortot est ornée de fleurs disposées le long des murs du fond, mises en valeur par des éclairages dirigés vers le plafond. Le premier Gala de la voix, une nouvelle formule destinée à promouvoir les jeunes talents lyriques de l’École Normale de Musique de Paris, s’apprête à commencer. La salle, bien remplie, accueille un public varié : des étudiants, des amis des chanteurs, mais aussi des professeurs, souvent eux-mêmes grandes voix internationales, ainsi que des professionnels du milieu. Parmi les spectateurs, les mécènes sont particulièrement nombreux et occupent les places centrales de la salle.

Divisé en deux parties, le programme explore deux siècles de répertoire, de Mozart à Bernstein. Bien que les compositeurs français (Bizet, Gounod, Poulenc) et italiens (Puccini, Verdi, Catalani) dominent la soirée, la présence de Tchaïkovski et de Lehár apporte une petite touche de variété. Un air de Louis-Aimé Maillard, tiré de l’acte III de l’opéra-comique Les Dragons de Villars, aujourd’hui oublié, enrichit également le programme.

Dans l’ensemble, les quatre voix féminines se distinguent par une maturité plus affirmée, tant sur le plan technique que musical. À l’inverse, les trois chanteurs masculins (Andrei Zhdanov, Kitae Song et Fachu Luo) manquent souvent d’une assise solide pour soutenir leur voix avec fluidité et naturel. Cela se traduit parfois par une impression de forcer ou, au contraire, par une fragilité, malgré la beauté de leurs timbres et les couleurs propres à chacun. Leurs gestes scéniques reflètent leurs intentions, mais demeurent encore maladroits, ce qui les empêche d’incarner pleinement leurs personnages. Gageons qu’ils continueront à perfectionner cet aspect essentiel du métier de chanteur lyrique.

 

Les sept chanteuses et chanteurs du 1re gala de la voix © Victoria Okada

 

Chez les chanteuses, la technique est globalement mieux maîtrisée et les mouvements apparaissent plus naturels. La soprano lyrique Margaux Loire, lauréate du prix Présence Compositrices à Marmande en 2024, se distingue par la chaleur de son timbre, bien que ses phrasés soient parfois inaboutis. La soprano japonaise Risa Ichikawa charme par la transparence cristalline de sa voix et, surtout, par la justesse des notes. Cependant, comme pour ses collègues masculins, l’expression scénique reste un aspect à développer.

Le Deuxième Prix, Inna Kalugina, impressione par son éclatante présence scénique. Dotée d’une voix claire et intense de soprano dramatique, elle excelle dans le grand répertoire italien, comme en témoignent ses interprétations de Un bel dì vedremo de Madame Butterfly et Ebben? Ne andrò lontana de La Wally. Toutefois, ses aigus manquent parfois de détente, ce qui les rend quelque peu tendus.

Le Premier Prix de la soirée, Anne-Lise Polchlopek, a déjà un métier. Ses attitudes sur scène montrent une expérience qui lui permet d’aborder ses rôles non seulement sur le plan vocal, mais également sur le plan psychologique. Les deux airs qu’elle a interprétés, Ô ma lyre immortelle (de Sapho de Gouod), profondément tragique, et I Am Easily Assimilated (air de l’Old Lady dans Candide de Bernstein), dans un style de tango, mettent en lumière sa remarquable polyvalence.

Pour cette première édition de Gala, le jury, présidé par Alain Lanceron, était composé de Sandrine Piau, Edwin Crossley-Mercer et Marcel Quillévéré. L’accompagnement au piano tout au long de la soirée a été assuré par Zoé Hoybel.

Lauréates du 1er gala de la voix

Deux lauréates © Camille Genty – ENMP Cortot

 

Programme

Première partie

Offenbach
Les Contes d’Hoffmann, La Barcarolle (tous)
Tchaîkovsky
« Otchevo » op.6 n°5 ; « Blagaslavlaïou vass Liéssa » op. 47 n°5 (Andrei Zhdanov)
Mozart
Cosi fan tutte, duo Fiordiligi/Dorabella « Ah guarda, sorella » (Anne-Lise Polchlopek et Inna Kalugina)
Les Noces de Figaro, « Hai già vinta la causa » (Kitae Song)
La flûte enchantée, duo « Papageno Papagena » (Kitae Song & Risa Ichikawa)
Puccini
La Bohème « Mi chiamano Mimì » (Margaux Loire)
Madame Butterfly « un bel dì, vedremo » (Inna Kalugina)
Bizet
Les Pêcheurs de perles, duo « Au fon du temple saint » (Kitae Song & Fachu Luo)
Gounod
Sapho « Où suis-je ?… Ô ma lyre immortelle » (Anne-Lise Polchlopek)

Deuxième partie

Bernstein
Candide, « I am easily assimilated » (Anne-Lise polchlopek)
Candide, duo « Oh, happy we! » (Fachu luo et Risa Ichikawa)
Verdi
Un bal masqué, air d’Oscar « Saper vorreste » (Risa Ichikawa)
Poulenc
« Voyage à Paris » extraits de Banalités (Risa Ichikawa)
Lehar
La Veuve Joyeuse, Duo « Lippen Schweigen » (Fachu Luo & Risa Ichikawa)
Le Pays du Sourire, air « Dein ist das ganzes Herz » (Fachu Luo)
Maillard
Les Dragons de Villars, air de Rose « Il m’aime, il m’aime, espoir charmant » (Margaux Loire)
Catalani
La Wally, « Ebben ? Ne andro lontana » (Inna Kalugina)
Verdi
La Traviata, « Libiamo, ne’ lieti calici » (tous)

Zoé Hoybel, piano

14 janvier 2025 à 19h30, Paris, Salle Cortot

 

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