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Partenope de Haendel au Festival Les Jardins de William Christie

par Victoria Okada

Le festival Les Jardins de William Christie se déroule du 21 au 28 août à Thiré, en Vendée. Il constitue un événement culturel majeur du département et sa 10e édition marque le retour à la forme « normale » du festival. C’est aussi le retour de jeunes danseurs et musiciens de la Julliard School de New York, présents à chaque événement du festival.

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Partenope de Heandel, un opéra à découvrir

Les deux premiers grands concerts sur le Miroir d’eau sont consacrés à Partenope de Heandel, présenté en version réduite. Le 21 août, réunissant pour la première fois les six lauréats du 10e Académie du Jardin des voix 2021, a eu lieu la première représentation de cette nouvelle production qui sera en tournée internationale au cours de la saison prochaine.
Créé en 1730 à Londres, le premier opéra à caractère comique du compositeur n’a pas la même popularité que Rinaldo ou Alcina, ou encore Ariodante. Il n’a d’ailleurs connu que peu de représentations modernes. Hormis quelques productions scéniques au 20e siècle, il fallait attendre les années 2000 pour que l’opéra fasse l’objet d’enregistrement et soit diffusé (relativement) largement. Pour la plupart des jeunes chanteurs, des musiciens et également des spectateurs, c’est une excellente occasion de découvrir cet opéra plein de rebondissements, autour du mythe de la reine-sirène fondatrice de la ville de Naples.

 

Partenope, Festival Les Jardins de William Christie, 21 aout 2021 © Jay Qin

 

La mise en espace et les costumes simples mais terriblement efficaces

La mise en espace de Sophie Daneman déploie tout le long du devant de la scène installée sur l’eau. Une très légère sonorisation permet d’entendre les chanteurs en plein air, même depuis des places assez éloignées de la scène. Prenant en considération de la spécificité de cette scène, Daneman limite les mouvements au minimum. Ainsi, pour la scène de bataille, elle a une ingénieuse idée de la symboliser par deux immenses dés, pour montrer d’une part la force surhumaine d’Emilio (le prince de Cumes), et d’autre part la stratégie réussie des alliés autour de Parthénope : Arsace (le prince de Corinthe), Armindo (le prince de Rhodes) et Ormonte (le capitaine des gardes de la reine). Les costumes de Jean-Luc Taillefert sont faits de chemises blanches et de vestes et pantalons modernes, avec une couleur attribuée à chacun des personnages masculins, ainsi qu’à Rosmira, princesse de Chypre déguisée en jeune homme. Parthénope est vêtue d’une élégante robe de soirée orange. Simples, la mise en espace et les costumes sont terriblement efficaces pour suivre le déroulement de l’intrigue mais aussi pour reconnaître facilement les personnages.

 

Lauréats du Jardin des voix, un début de carrière prometteuse

Les six lauréats de la 10e édition de l’Académie Jardin des voix sont donc tous réunis dans cette production. Venus du Portugal, du Royaume uni, d’Espagne, d’Australie et de France, ils ont déjà un début de carrière prometteuse, se produisant dans des théâtres et salles de concert dans le monde. Avec son timbre clair dans toutes les tessitures, la soprano Ana Vieira Leite en Parthénope, peut s’envoler dans les aigus avec grand naturel. Sa formidable agilité vocale n’empêche nullement de poser sa voix avec sérénité, dans un souffle ample. Sa présence scénique est plus que évidente, elle a de surcroît toute une assurance en tant que comédienne. C’est indéniablement une artiste à suivre de près. Helen Charlston a une superbe voix de contralto solidement assise. Le rôle de Rosmira/Eurimène semble être taillé sur mesure pour elle, tant ses expressions sont adéquates au personnage. Le contre-ténor Hugh Cutting se distingue par les phrasés aux articulations impeccables. Son personnage Alsace collectionne des airs lents mais ses souffles sont toujours parfaitement distribués, ce qui met en valeur son magnifique timbre, surtout dans les aigus. L’autre contre-ténor Alberto Miguélez Rouco, qui fait également partie de la promotion Beethoven (2020) de l’Académie Philippe Jaroussky, chante Armindo. Il est particulièrement adroit dans les notes rapides et dans les vocalises, mais pour des airs plus larges il manque parfois d’accroche. Le ténor Jacob Lawrence tient le rôle comique d’Emilio avec brio. Son talent de comédien souligne davantage le caractère du personnage en plus de sa voix agile et souple, ainsi que les beaux accents. Peu présent sur scène, il nous donne envie de l’entendre dans un rôle plus conséquent. La basse française d’origine polonaise Matthieu Walendzik (Ormonte) a un beau timbre barytonné, mais il aura encore besoin de gagner la liberté aussi dans le chant que dans les gestes.

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Orchestre tenace et nuancé

Quelques anciens étudiants de la Julliard School participent à l’orchestre qui, malgré l’humidité qui fait désaccorder assez rapidement les instruments, exprime à la fois avec ténacité et nuances. Un bon équilibre règne entre les cordes expressives et les vents souvent vifs. Quant à celui entre l’orchestre et les chanteurs sans sonorisation, nous sommes curieux de savoir comment il sera tenu dans une salle de concert. William Christie mène le tout avec la rigueur que l’on connaît de lui. La touche de légèreté juste comme il faut enrichit avec délice la représentation, conférant un plaisir fou d’assister à un bon spectacle. C’est cette balance subtile qui fait le charme et surtout l’une des grandes forces des Arts Florissants.

 

Orchestre des Arts Florissants au Festival Les Jardins de William Christie, 21 aout 2021 © Julien Gazeau

 

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Programme :

Direction musicale : William Christie
Codirection de l’académie : Paul Agnew
Mise en espace : Sophie Daneman
Scénographie : Jean-Luc Taillefert
Chorégraphie : Christophe Garcia
Orchestre des Arts Florissants

Avec les lauréats de la 10ème édition du Jardin des Voix :
Ana Vieira Leite, Soprano (Portugal) – Partenope
Helen Charlston, Mezzo-soprano (UK) – Rosmira
Hugh Cutting, Contre-ténor (UK) – Arsace
Alberto Miguélez Rouco, Contre-ténor (Espagne) – Armindo
Jacob Lawrence, Ténor (Australie / UK) – Emilio
Matthieu Walendzik, Baryton (France) – Ormonte

Le 21 août 2021, Thiré (Vandée)

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Partenope sera présenté le 30 septembre prochain à la Philharmonie de Paris (salle Pierre Boulez, 20h30), précédé d’une Leçon de musique de William Christie le 29 septembre (amphithéâtre de la Cité de la musique, 20h30)

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