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Concerts Poulenc chez… Poulenc !

60 ans de la disparition du compositeur au Grand Coteau

par Victoria Okada
Le Grand Coteau et son jardin française

Cette année 2023 marque les 60 ans de la disparition de Francis Poulenc (1899-1963). L’association Culture Poulenc, créé en janvier dernier, rend hommage au compositeur à travers une série de concerts. Parallèlement à ces concerts, de riches manifestations viennent compléter l’événement. Parmi elles, 1500 écoliers ont participé à plusieurs concerts-récit de L’Histoire de Babar. Cette commémoration, constituant le tout premier événement en France entièrement consacré à Poulenc, a ainsi remporté un grand succès.

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C’est autour du Grand Coteau, la demeure que Francis Poulenc acquit à Noizay en 1927, que le projet est né. Si la maison a nécessité d’importants travaux de rénovation, le salon où Poulenc travaillait reste intact, avec ses pianos Pleyel (un piano à queue et un piano droit) et sa bibliothèque. La rencontre entre Agnès Audebert, la nouvelle propriétaire du Grand Coteau et présidente de l’association, et le chef d’orchestre et pédagogue Pascal Caraty fut déterminante pour la concrétisation du projet, auquel Samuel Jean et Nicolas Stavy rejoignirent en tant que co-directeurs artistiques.

 

Le Grand Coteau depuis la rue Francis Poulenc

Le Grand Coteau depuis la rue Francis Poulenc © Victoria Okada

 

Au portail du Grand Coteau © Victoria Okada

 

Concert inédit dans le salon de musique chez Poulenc

Le clou de cette commémoration — qui ne porte pas encore le nom de « festival » — est un « concert inédit » dans le salon de musique du Grand Coteau, dans la soirée du samedi 13 mai. « Inédit » car en effet, si Poulenc composait dans ce salon et très certainement a donné des concerts amicaux, le lieu n’a jamais été ouvert au-delà de son cercle d’amis. Ce samedi soir, le clarinettiste Nicolas Baldeyrou et le pianiste Nicolas Stavy interprètent à guichets fermés des pièces écrites pour cette formation mais également des transcriptions, notamment de la célèbre chanson Les Chemins de l’amour. En raison de la taille de la pièce, tous les spectateurs sont placés devant les fenêtres, sous une tente, le concert étant retransmis en direct sur deux écrans installés au milieu. Cela rappelle quelque peu l’expérience musicale que tous les mélomanes ont vécue pendant les années de la pandémie. Mais heureusement, le cocktail après le concert avec des musiciens et des organisateurs offrent un moment bien convivial, comme fut certainement le cas lorsque Poulenc invitait ses amis.

Concert au Grand Coteau, 12 mai 2023

Concert au Grand Coteau, 12 mai 2023 © Clara Caraty

Clarinette et piano chez Poulenc

Le piano de Poulenc date des années 1920 et présente toute une panoplie de caractéristiques à apprivoiser, parfois difficilement. Nicolas Stavy, dénicheur de pièces rares (dans ses derniers disques Fauré et Chostakovitch, il a enregistré des œuvres inédites restées manuscrites, conservées dans des bibliothèques publiques et privées), devient cette fois explorateur d’un instrument unique. Il réussit à en tirer une sonorité chaleureuse et, avec cette sonorité, à faire entrevoir la personnalité de la musique poulenquienne, tantôt enjouée, tantôt tourmentée, mais toujours immédiatement reconnaissable. On ne présente plus Nicolas Baldeyrou, clarinettiste principal de l’Orchestre Philharmonique de Radio France et YouTuber adulé des amoureux d’instruments à vents. Dans la Sonate pour clarinette et piano, il met magnifiquement en avant le thème à la fois mélancolique et souriant du premier mouvement. Les souffles du clarinettiste font ressortir un contraste fascinant entre ce thème et la partie médium du mouvement ainsi que le « Romanza » (2e mouvement) où on aperçoit la douleur similaires aux Dialogues des Carmélites. L’acuité de son expression et le juste ton de chaque phrasé nous rendent encore davantage sensibles à la musique de Poulenc.

Salon de musique au Grand Coteau

Salon de musique au Grand Coteau © Victoria Okada

 

Nicolas Baldeyrou et Nicolas Stavy

Nicolas Baldeyrou (droite) et Nicolas Stavy saluent le public © Victoria Okada

 

Concert de mélodies en partenariat avec l’Académie Poulenc

La veille au soir, dans une magnifique Grange de Negron, la soprano Laetitia Grimaldi et le baryton Florent Karrer offrent un panorama de mélodies de Poulenc, avec, au piano, l’incontournable Jeff Cohen. Le lieu a une acoustique propice à la voix, ni trop sèche ni trop généreuse ; le seul inconvénient serait les bruits de voitures qui passent de temps à autre sur la petite route devant le bâtiment. François Leroux, directeur artistique de l’Académie Francis Poulenc – Centre de la mélodie française (basée à Tour et partenaire du concert), présente succinctement le concert en donnant quelques clés d’écoute.
Laetitia Grimaldi est fine dans les nuances et sait garder un équilibre subtil, élément crucial dans les mélodies chez Poulenc, afin de ne pas tomber dans une légèreté vaine. Sa magnifique médium complète les aigus volontairement fragiles selon les sauts d’intervalles typiques du compositeur, exprimant des sentiments variés associés à certains mots. Florent Karrer est un bon chanteur-comédien qui incarne avec beaucoup d’aisance le personnage suggéré par les paroles. De plus, sa diction limpide facilite notre écoute, permettant d’entrer dans le vif du chant. Jeff Cohen, connu dans le monde entier pour être un excellent accompagnateur (dans le plus noble du terme) de la mélodie et du lied, fait montre de son art, sur un piano Pleyel lui aussi difficile à dompter. Ensemble, ils nous ont offert un moment délectable à la fois dans une atmosphère décontractée et dans une écoute concentrée.
Le programme du concert se trouve ici

Concert de mélodies à la Grange

Concert de mélodies à la Grange © Clara Caraty

 

Des événements pour commémorer le 60e anniversaire

Outre les cinq représentations de L’Histoire de Babar pour le public scolaire déjà évoquées (avec des professeurs du Pôle des Arts Paul Gaudet, Laura Guitteny, récitante, et Pascal Caraty, direction) et le concert de clôture avec la pianiste Aline Piboule et la flûtiste Mathilde Calderini auquel nous n’avons malheureusement pas pu assister, la festivité est complétée par d’autres moments importants : projection de la captation de l’opéra Dialogues des Carmélites dans la mise en scène d’Olivier Py, filmé au Théâtre des Champs-Elysées en décembre 2013 (9 mai) ; le dévoilement des plaques Francis Poulenc à la salle Francis Poulenc attenante au Théâtre Beaumarchais à Amboise ; inauguration de l’exposition « Francis Poulenc, un compositeur en Amboise » au Musée-Hôtel Morin (13 mai) ; rencontre avec Antoine de Brunhoff (petit-fils de Jean de Bruhnoff, créateur de Babar) à l’occasion de l’exposition « Une histoire de Babar, en bord de Loire » à la Médiathèque Aimé Césaire à Amboise, sans oublier la conférence « Poulenc, un invité en Touraine » par Nicolas Southons (11 mai). Ces événements se sont déroulés à la présence de Thierry Boutard, maire d’Amboise.

L’association Culture Poulenc élabore actuellement d’autres projets artistiques pour le rayonnement du compositeur et de son œuvre, particulièrement auprès du public français, car, comme le déclare Agnès Audebert : « Poulenc n’a pas encore de notoriété dans son pays alors qu’il est largement connu et reconnu sur le plan international ».

Vigne du Grand Coteau

Vigne du Grand Coteau © Victoria Okada

 

Le Grand Coteau vu du vigne

Le Grand Coteau vu du vigne, mai 2023 © Victoria Okada

60e anniversaire de la disparition de Francis Poulenc, 9 au 13 mai 2013, à Amboise et ses alentours.

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