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Une étoile montante du piano suscite la curiosité

Premier récital parisien d’Alim Beisembayev à la Fondation Louis Vuitton

par Victoria Okada
Alim Beisenbayev Fondation Louis Vuitton décembre 2022 © Victoria Okada

Le pianiste ouzbek Alim Belsembayav a donné son premier récital parisien à l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton le 15 décembre dernier. Son programme Bach-Schubert-Liszt a dévoilé ses qualités mais également ses points faibles.

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Étoile montante de piano

Vainqueur au 20e Concours international de Leeds en septembre 2021 dont le premier tour s’est déroulé à distance en raison de la crise sanitaire, Alim Beisembayav, né en 1998, termine actuellement sa maîtrise au Royal Academy of Music. Il a fait ses débuts au BBC Proms en juillet dernier. Il a déjà deux disques parus chez Warner Classics, l’un rassemblant quelques-unes de ses prestations lors du Concours de Leeds (Domenico Scarlatti, Ligeti, Ravel, disponible en digital), et l’autre, son premier album consacré aux 12 Études d’exécution transcendantes de Liszt. Nous attendions donc avec impatience l’occasion d’entendre en directe cette étoile montante de piano.

 

Une robustesse et un cadre littéral

Pour commencer son récital, il joue la Suite française nº 2 de J.-S. Bach. Posé (Allemande), sensible (Sarabande) ou vif (Gigue), il réalise de beaux ornements dans celui-ci mais une certaine robustesse vient alourdir ses propos de temps à autre. Cette vigueur est déjà audible sur « Une barque sur l’océan » de Ravel enregistrée dans son disque digital.
Dans l’une des trois dernières Sonate de Schubert D. 958, son mouvement lent confirme la sensibilité qu’il a montrée dans la « Sarabande » de Bach. D’un bout à l’autre, son jeu est soigné et propre, jusqu’à laisser entrevoir une certaine peur d’aller plus loin ou de prendre un minimum de risque. Est-ce la question de maturité ? Etait-il tendu devant le public de la Fondation Louis Vuitton ? Il est vrai que les Sonates de Schubert, surtout les dernières, exigent une notion de temps particulière qui est extrêmement difficile à rendre. Mais ce soir-là, il était loin de convaincre les mélomanes pour qui son interprétation ne sortait pas d’un cadre littéral.

 

Une virtuosité vertigineuse

La deuxième partie, après l’entracte, fut plus réjouissante. Parmi les douze Études d’exécution transcendantes, il en a choisi sept. Là, sa virtuosité vertigineuse a quelque chose à dire, elle rendait la musique bavarde. La clarté des plans sonores dans « Mazeppa » est remarquable, la dynamique des « Feux follets » entraînante, le bel canto de la « Ricordanza » bien chanté. Toutefois, la lourdeur remarquée dans la première partie revient dans l’« Allegro agitato », imposant et opiniâtre.
Il termine son récital avec une note plus chantante quoique toujours très imposant au point culminant, le 17e Prélude de Chopin en bis.

Ce récital mêle la robustesse et la virtuosité imposantes de son jeu à une prudence soulignée laissant son interprétation dans un cadre littéral, suscitant notre curiosité de le réentendre dans quelques années.

La vidéo du récital est visible sur FLV Play (jusqu’au 15 mars)  ou Medici.tv.

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Programme

Johann Sebastian Bach : Suite française n°2 BWV 813
Franz Schubert : Sonate n°19 D.958
Franz Liszt : Études d’exécution transcendantes S.139 Extraits
Paysage – Mazeppa – Feux Follets – Ricordanza – Allegro agitato molto – Harmonie du soir – Chasse-neige

Alim Belsembayav, piano

Fondation Louis Vuitton, Auditorium,
15 décembre 2022 à 20h30

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