« Haydn : Trios avec piano ». Le titre de ce CD est doublement trompeur. D’abord parce qu’on imagine tout de suite les trios avec violon, violoncelle et piano, or, parmi les quatre œuvres enregistrées ici, deux sont pour flûte au lieu de violon. Ensuite parce que le « piano » désigne dans ce CD un pianoforte. Avec l’« interprétation historiquement informée » (qu’on la veuille ou non ; cette notion est elle aussi trompeuse car une information historique n’existerait, dans un sens stricte, que sur la théorie tout simplement parce qu’on ne peut jamais savoir comment les musiciens jouaient avant l’apparition de l’enregistrement), notre perception du son change considérablement avec le type de l’instrument, en l’occurrence le pianoforte et le piano.
Mais ce jeu psychologique fonctionne ici en faveur de bonnes surprises.
La douceur de la flûte et la discrétion du pianoforte se marient parfaitement avec le soutien assuré du violoncelle, et tout se déroule en excellente harmonie. La justesse du ton va de pair avec l’intimité, et le sentiment d’assister à un concert dans un salon particulier entre amis est renforcé par l’absence totale de la virtuosité démonstrative. Les quatre interprètes — Jérôme Hantaï au pianoforte, Marc Hantaï à la flûte, Alessandro Moccia au violon et Alix Verzier au violoncelle — jouent dans un esprit de camaraderie, dans une atmosphère détendue. Pas de compétition donc entre eux, mais il y a bien une émulation. Cette émulation rend l’interprétation extrêmement agréable. Et la notion de l’« agréable » semble primordiale quand on pense que Haydn composait ces musiques pour le plaisir du prince Esterházy et de sa cour.
Un petit bémol tout de même : à aucun moment le livret ne mentionne l’auteurs de ces instruments, ni le modèle ni la date de leurs fabrications…
Execpté ce défaut, l’enregistrement est une nouvelle référence pour ces types de trio classique.
1 CD Mirare, MIR636. Enregistré eu théâtre élisabéthain d’Hardelot en février 2020. Durée : 67’50. Parution juin 2022
