Accueil ScènesConcerts Staline / Chostakovitch – Spectacle 360° par le Centre de Musique de Chambre de Paris

Staline / Chostakovitch – Spectacle 360° par le Centre de Musique de Chambre de Paris

par Victoria Okada

Le Centre de Musique de Chambre de Paris (CMCP) a créé un spectacle en ligne « Staline / Chostakovitch », filmé par une caméra à 360°. Les musiciens du CMCP quittent la Salle Cortot habituelle pour MC93 à Bobigny, avec laquelle le Centre a établi un partenariat fructueux.

La salle carrée d’une grande superficie située au dernier étage du bâtiment permet toutes les configurations possible, idéale pour concrétiser la conception de Jérôme Pernoo, directeur artistique du Centre de Musique de Chambre de Paris, en collaboration avec Camille Dugat, qui a imaginé la scénographie, les costumes et la lumière.

Sous la froideur de néons blancs – Staline et Chostakovitch © Chronos Production / CMCP

Les lumières froides de néon qui « ceinturent » l’espace, évoquant un bunker oppressant, changent de hauteur en fonction de musiques et d’images projetées sur des écrans. Ces écrans d’un format publicitaire long en hauteur, que l’on croise dans le métro et les gares, affichent des images documentaires de villages avec habitants, des villes dévastées par des bombardements, de vues aériennes depuis des avions de guerre… mais aussi des enfants jouant entre eux. Les panneaux d’écran sont doublés de miroirs de la même taille, qui reflètent différentes images selon les angles de vue.
La cadence du Concerto pour violoncelle n° 1 de Chostakovitch introduit ces images en noir et blanc ; l’atmosphère pesante annonce le ton du spectacle. L’un des temps forts est le coup de téléphone du dictateur au compositeur, avec les voix de protagonistes tirées d’une archive. Le chef de l’état soviétique interroge Chostakovitch pourquoi il a refusé d’aller en Amérique ; la réponse de celui-ci permet de tourner intelligemment la situation, sans heurter l’idéologie et l’orgueil du tyran.

Comme à l’accoutumée, les jeunes musiciens du CMCP interprètent le programme (outre la cadence citée, le Trio n° 2 et le Quatuor n° 8) complètement par cœur et en se déplaçant fluidement. Aux cordes, Shuichi Okada et Vassily Chmykov (violon), Vladimir Percevic (alto), et Ivan Karizna (violoncelle) explorent les possibilités d’expression allant de nostalgie à l’oppression, en passant par la désolation, la colère et la douleur. Quant au piano, Yedam Kim insiste sur la sonorité métallique pour renforcer la froideur. L’interprétation de très haute volée des musiciens du CMCP nous étonnent toujours, et le plaisir de les entendre, même sur un son via appareils électroniques, est intact.
L’ensemble est filmé par un seul caméra 360° placé au milieu. Sur la vidéo, le spectateur peut choisir l’angle de vue, l’interprète à suivre ; on peut également « se promener » l’ensemble de l’espace, y compris le plafond où on aperçoit un portrait de Staline tourner en permanence. Le concert est sous la surveillance du despote !

Le spectacle, retransmis en direct le 18 mars, est visible jusqu’au 25 avril sur RécitHall.
L’exposition virtuelle sur le site du CMCP est un excellent complément pour comprendre la musique de Chostakovitch dans un contexte extrême de la Guerre froide.

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