Accueil ScènesConcerts Rodolphe Menguy dans son nouveau programme « Conte de fée »

Rodolphe Menguy dans son nouveau programme « Conte de fée »

Festival Jeunes Talents, incontournable de l'été parisien - 2

par Victoria Okada

Dans le cadre du Festival européen Jeunes Talents, le pianiste Rodolphe Menguy a offert un récital envoûtant au Temple du Foyer de l’Âme, le 12 juillet dernier, avec son nouveau programme intitulé « Conte de fée ». Dès son entrée en scène, il a captivé son auditoire avec la très virtuose paraphrase de Paul Pabst sur La Belle au bois dormant de Tchaïkovski. Par la suite, Menguy a soigneusement sélectionné une série de pièces miniatures pour créer une trame musicale permettant à chaque auditeur de laisser libre cours à son imagination et de composer son propre conte.

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Le programme riche et varié

Le programme, riche et varié, se distingue par une ingénieuse combinaison d’œuvres connues et méconnues, voire inédites. Parmi les pièces de la première catégorie, on retrouve Les fées sont d’exquises danseuses de Debussy, L’Oiseau de feu de Stravinsky/Agosti, et Casse-Noisette de Tchaïkovsky/Pletnev. Des pièces comme Le Petit Chaperon Rouge de Rachmaninov (extrait des Études-Tableaux op. 39, n° 6), Conte de fée de Nicolaï Medtner (op. 26 n° 3), ou encore les Pièces lyriques de Grieg (Vers la patrie op. 62, n° 6 et Marche des trolls, op. 54, n° 3) sont peut-être plus ou moins familières aux mélomanes, alors que les œuvres de Mel Bonis (Viviane op. 80, Omphale op. 86, et Phœbé op. 30), de Paul Dukas (La Plainte, au loin, du faune…), et de Korngold (Das Märchen spricht einen Epilog) sont rarement jouées.

 

Rodolphe Menguy au Festival européen Jeunes Talents, 1é juillet 2024 au Temple du Foyer de l’âme © Jeunes Talents

 

Menguy, en fin connaisseur et habile architecte, profite de son talent pour mettre en relation les œuvres. Par exemple, il place Vers la patrie de Grieg et Viviane de Mel Bonis l’une après l’autre, comme s’il s’agissait de deux parties d’une même pièce. Il confronte également les fées de Debussy aux trolls de Grieg, créant ainsi des dialogues musicaux fascinants.

 

Souvenirs cinématographiques

L’évocation des tableaux de ballets, tels que Casse-Noisette et L’Oiseau de feu, ravive nos souvenirs d’enfance et nous transporte dans l’univers du théâtre. Ces réminiscences, à l’écoute des pièces, suscitent en nous des effets visuels, voire cinématographiques ou vidéographiques. Certains y parviendront davantage par le biais de l’écran animé, ce qui n’est guère surprenant lorsqu’on sait que le pianiste est un grand cinéphile. D’autres pièces, comme Conte de fée de Medtner, les Pièces lyriques de Grieg, ou encore Das Märchen spricht einen Epilog de Korngold, apportent une touche pittoresque et colorée que Menguy rend avec une grande subtilité, enrichissant ainsi ce voyage musical.

 

Rodolphe Menguy au Festival européen Jeunes Talents, 1é juillet 2024 au Temple du Foyer de l’âme © Victoria Okada

 

Plans et caractères maitrisés

Dans l’acoustique généreuse de ce lieu tout en bois, le jeune musicien maîtrise admirablement le piano Steinway New York du début du XXe siècle, un instrument qui ne se laisse pas facilement dompter. Les plans sonores sont tantôt distincts, tantôt fusionnels, selon les partitions. Les caractères de chaque page sont mis en valeur avec précision, dans une dynamique sans cesse renouvelée. Cependant, pour cette première présentation du programme, le timing entre certaines pièces reste à affiner, nécessitant parfois une respiration plus ample et un temps de repos plus posé pour marquer une section ou souligner un caractère. Une brève introduction à certains moments du concert aurait pu également faciliter l’appropriation de ce programme audacieux qu’on peut qualifier de conceptuel.

 

Rodolphe Menguy au Festival européen Jeunes Talents, 1é juillet 2024 au Temple du Foyer de l’âme © Jeunes Talents

 

Nouveau disque à venir

Le pianiste a gravé ce programme pour son deuxième disque. Tant de chemin parcouru depuis notre première interview en 2021 à l’occasion de la Folle Journée de Nantes en janvier 2020 juste avant le confinement où il disait que graver quelque chose l’effrayait. L’étape est définitivement passée, et on attend avec impatience la sortie de son enregistrement chez Mirare !

Programme

Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840 – 1893) / Paul Pabst (1854 – 1897) : Paraphrase sur « La Belle au bois dormant » | 1889
Edvard Grieg (1843 – 1907) : Pièce lyrique, op. 62 n°6, « Homeward » | 1893 – 1895
Mel Bonis (1858 – 1937) : Viviane, op. 80 | 1909
Claude Debussy (1862 – 1918) : Les fées sont d’exquises danseuses (Préludes, Livre 2) | 1911 – 1912
Edvard Grieg (1843 – 1907) : Pièce lyrique, op. 54 n°3, « March of the Dwarfs » | 1891
Mel Bonis (1858 – 1937) : Omphale, op. 86 | 1910
Sergueï Rachmaninov (1873 – 1943) : Étude-Tableau op. 39 n°6 « Petit Chaperon Rouge » | 1916 – 1917
Nicolaï Medtner (1880 – 1951) : Fairy Tale, op. 26 n°3 | 1912
Mel Bonis (1858 – 1937) : Phoebé, op. 30 | 1909
Paul Dukas (1865 – 1935) : La Plainte, au loin, du faune… | 1920
Erich Wolfgang Korngold (1897 – 1957) : Märchenbilder op. 3 | 1910, 7. Das Märchen spricht einen Epilog
Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840 – 1893) / Mikhail Vasilievich Pletnev (1957 – ) : Casse-Noisette | 1892
Marche ; Danse de la Fée Dragée ; Intermezzo ; Pas de deux
Igor Stravinsky (1882 – 1971) / Guido Agosti (1901 – 1989) : L’Oiseau de feu | 1919
Danse infernale du roi Kachtcheï ; Berceuse ; Final

Rodolphe Menguy, piano.

12 juillet 2024, au Temple du Foyer de l’Âme

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