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Nouvelle souffle au violoncelle de Bach par Henri Demarquette

Le violoncelliste donne un récital à la Salle Cortot pour la sortie de l’intégrale des Suites de Bach

par Victoria Okada
Henri Demarquette

Le violoncelliste Henri Demarquette offre un récital dédié aux Suites pour violoncelle seul de Johann Sebastian Bach avec les Suites n° 5, 4, et 3, pour célébrer la parution de son enregistrement de l’intégralité de ce monument. Il s’agit du premier disque de la « collection Henri Demarquette » chez le label Evidence Classics, créée en janvier 2024 dans le but d’explorer l’essence du répertoire pour violoncelle, de présenter de jeunes artistes prometteurs.

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Les Suites n° 3, 4 et 5, tout comme les deux premières, adoptent une structure similaire, composées d’un Prélude suivi d’une Allemande, Courante, Sarabande, puis d’un mouvement de danse (Gavotte ou Bourrée, remplaçant le Menuet des Suites n°1 et n°2) pour s’achever sur une Gigue. Dans cette succession de danses stylisées, le violoncelliste tisse un fil à la fois mélodique et rythmique, donnant vie aux mouvements contrastés de chaque suite.

Henri Demarquette, Suites pour violoncelle seul, Johann Sebastian Bach, couverture (Evidence Classics)

Henri Demarquette joue sur son Stradivarius « le Vaslin » de 1725. Sans la présence de la pique, Demarquette retrouve une connexion plus intimiste avec l’instrument, soulignant les inflexions naturelles du phrasé et le corps du son.

Ce qui frappe particulièrement dans l’interprétation de Demarquette, c’est la fluidité de son jeu, d’une apparente facilité qui confère une impression presque aquatique à la musique. Ses interprétations s’écoulent sans heurt, en contrastant avec une approche plus rigide parfois privilégiée dans le passé, où l’accent était mis sur la rigueur et la structure stricte. Demarquette respire la musique de Bach, chaque note semble couler l’une dans l’autre, sans jamais briser l’élan général. Cela insuffle à l’œuvre une nouvelle fraîcheur, soulignant à la fois l’aspect harmonique et polyphonique et la pureté des lignes mélodiques.

Son interprétation se distingue également par une sonorité riche, pleine de nuances, sublimée ici par l’énergie et la dynamique de son jeu inspiré d’une approche contemporaine : il choisit de limiter les ornements dans les reprises et les doubles, offrant ainsi une lecture épurée et directe, laissant toute la place au discours musical, sans ajouts décoratifs. Cette approche confère à chaque mouvement une élégance sobre et une grande lisibilité.

À certains moments, le tempo pris par Demarquette est audacieux, comme dans le Prélude de la Suite n° 3, qu’il interprète avec une rapidité vive, soulignant la vitalité et l’énergie de la pièce. Il crée ensuite de saisissants contrastes de rythme et de tempo, jouant sur la diversité des atmosphères au sein d’une suite. Dans la Courante de la Suite n° 5, chaque mesure est bien marquée, tandis que la Sarabande, elle, s’étire en larges phrases méditatives, imposant du temps suspendu d’une grande intensité. De même, le Prélude de la Suite n° 4 s’ouvre sur des notes détachées, conférant au début de cette série de danses une légèreté rythmique avant de s’envoler dans une dynamique plus continue.

Au-delà des choix stylistiques et techniques, on sent chez Demarquette une volonté de réinterpréter ces pièces familières avec une fraîcheur renouvelée. Ce qui était particulièrement perceptible dans le Prélude de la Suite n° 1 donné en bis. Pour des œuvres aussi connues et fréquemment jouées, il parvient, par ce jeu de contrastes et par la subtilité de ses nuances, à susciter une écoute nouvelle, tant pour lui-même que pour le public. En redonnant vie à ces Suites avec une approche résolument personnelle, Demarquette offre une perspective actuelle, réinventant la beauté de Bach pour des auditeurs modernes, tout en respectant l’esprit de l’époque.

 

 

Programme

Johann Sebastian Bach : Suites pour violoncelle seul
– n° 5 en ut mineur BWV 1011
– n° 4 en mi bémol majeur BWV 1010
– n° 3 en do majeur BWV 1009

Henri Demarquette, violoncelle

Concert du 23 octobre 2024 à 20h, Paris, Salle Cortot

 

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