Notre deuxième concert se déroule dans un nouveau lieu, l’église anglican de Menton, à deux pas du Casino. L’Aquinas Piano Trio nous propose un programme slave exaltant.
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L’Aquinas Piano Trio, fondé en 2009, est l’une des formations de musique de chambre britanniques les plus convoitées. Et pourtant, l’occasion est rare, très rare même, de pouvoir l’entendre en France. Son concert dans le cadre du Festival de Musique de Menton a eu lieu dans la Saint-John’s Church, église anglicane fondée il y a 150 ans, restaurée et tout récemment réouverte après une dizaine d’années de fermeture. La nef centrale avec une charpente en bois en forme de bateau renversé donne une bonne acoustique assez directe, du moins pour les premiers rangs. C’est d’ailleurs le tout premier concert joué dans cette bâtisse.
Théâtralité et virtuosité du jeune Tchaïkovsky
Le programme est composé de trois œuvres, toutes dans la tonalité de sol, majeur ou mineur. Dans le Trio n° 29 Hob. XV.15 en sol majeur de Haydn, les cordes vibrent un peu beaucoup trop dans une veine romantique. Nous entendons ensuite le Trio Elégiaque n° 1 composé par le jeune Rachmaninov de 19 ans, en 1892, un an avant le célèbre Trio Elégiaque n° 2 écrite à la mort de Tchaïkovsky. D’une dimension modeste en un seul mouvement, l’œuvre est traversée par une théâtralité grave et une virtuosité fougueuse que nos musiciens rendent avec véhémence. Le motif principal à quatre notes qui revient sans arrêt sous diverses formes, est joué à chaque fois avec une variation de nuance, de couleur, de timbre et de caractère, toujours dans une certaine gravité.
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Smetana dans une exaltation intense
Cette gravité continue dans le Trio de Smetana, écrite suite à la disparition de sa fille aînée. Ici, la violoniste Ruth Rogers réalise une magnifique envolée déchirante dès les premières notes et également dans chaque formule élancée quelques mesures plus tard. Le violon et le violoncelle (tenu par Katherine Jenkinson) dialoguent étroitement, fiévreux. Le pianiste Martin Cousin, formidable dans son jeu, léger ou massif selon les pages, s’affirme avec un naturel étonnant. Ses gestes sont si adéquats avec la musique que c’était comme si ses mains ont une parfaite mémoire de toutes les notes. En effet, il ne néglige absolument pas une seule note. Les trois mouvements s’écoutent avec un grand bonheur, la musique se renouvelle à chaque instant, sans un seul instant de stagnation. Le contraste entre les deux thèmes dans le lumineux finale est tout à fait saisissant, les tempi s’écoulent comme si c’était ainsi depuis toujours… Ainsi, nous sommes sortis de ce Trio avec un état d’exaltation intense. En bis, pour un « cool down » selon Ruth Rogers qui a pris la parole (en anglais) entre deux œuvres, Oblivion de Piazzolla, qui fête 100 ans de sa naissance cette année.
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Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le Trio Aquinas, voici un aperçu…
Programme
Joseph Haydn : Trio avec piano n° 20 en sol majeur Hob.XV.15
Serguei Rachmaninov : Trio Élégiaque en sol mineur
Bedřich Smetana : Trio en sol mineur op. 15
10 août 2021 à 18h00, Saint-John’s Church, Menton
Festival de Musique de Menton