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Beethoven et la mandoline : deux approches totalement différentes

par Victoria Okada

Le fait est méconnu, mais Beethoven a écrit des pièces pour mandoline. En tant que virtuose du clavier, il effectue une tournée de Vienne à Berlin en 1796, en passant par Prague. Dans cette ville où, dix ans plus tôt, Mozart y donna Don Giovanni avec une sérénade à la mandoline, se trouvait le comte Clam-Gallas et sa future épouse Josephine von Clary-Aldringen, chanteuse et mandoliniste. Beethoven écrit alors des pages pour cet instrument, qui restent aujourd’hui très peu jouées. Les deux disques parus en janvier dernier et ce 27 mars sont révélateurs à maints regards : organologie, interprétation, sonorité, adaptation et réadaptation… L’un, celui de Julien Martineau avec Vanessa Benelli Mosell chez Naïve, est « moderne » pour le choix des instruments (la mandoline spécialement conçue par l’interprète lui-même, et le piano moderne de concert) aussi bien que celui du programme (une création de Corentin Apparailly, arrangements du 2e mouvement de la Septième Symphonie, et A Fifth of Beethoven de Walter Murphy arrangé par Bruno Fontaine avec la contrebasse et la batterie).
Beethoven Suite, 1 CD Naïve, par Julien Martineau et Vanessa Benelli Mosell (réf : V7083)

L’autre, la version de Raffaele La Ragione et Marco Crosetto chez Arcana est servi par une approche musicologique, qui consiste à aller rechercher des sources, notamment des partitions manuscrites, pour une interprétation sur des copies d’instruments de l’époque du compositeur. À quoi s’ajoute la différence de diapason, qui, outre la question des sonorités « moderne » et « ancienne », transforme considérablement la matière sonore. Ainsi, les pièces isolées (Sonatines WoO 43 a et 44 a, Adagio WoO 43 B, Andante con variazioni WoO 44b), et la Grande sonate op. 37 a de Hummel, qui sont communes dans les deux enregistrements, apparaissent sous des couleurs totalement différentes, de par leur conception elle-même de l’interprétation. Il ne s’agit bien évidemment pas de comparer ces deux versions, mais la confrontation est fascinante qui reste grande ouverte. La Sonate du compositeur lombarde Bartolomeo Bortolazzi (1773-1820) proposé par La Ragione et Crosetto est une grande découverte pour de nombreuses personnes et on ne les en remerciera pas assez. Ces deux enregistrements illustrent la diversité productive de Beethoven et le mérite de l’année anniversaire !

 

Beethoven and his contemporaries, 1 CD Arcana, par Raffaele La Ragione et Marco Crosetto (réf : A117)

 

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