Simplicité schumanienne ? Mais Schumann est un compositeur complexe ! diront beaucoup de mélomanes.
C’est pourtant nos impressions à l’écoute du disque Schumann par le pianiste Fabrizio Chiovetta, qui vient tout juste de sortir.
Après les trois dernières sonates de Beethoven si inspirées, des sonates de Mozart si aériennes, des suites pour clavier de Bach si kaléidoscopiques ou encore un disque duo de Schumann avec Patrick Messina si lyrique (pour ne parler que des disques parus chez Aparté), Fabrizio Chiovetta confirme son affinité avec la musique de la langue allemande. Son nouveau disque Schumann (Fantaisie, Arabesque, Scènes d’enfants et Album pour la jeunesse) est d’une remarquable simplicité comme on l’entend rarement.
Schumann, exclusivement
Construire un programme exclusivement avec des œuvres de Schumann est déjà complexe. Que privilégier, miniatures ou grande forme, en l’occurrence la forme sonate ? Comment gérer les deux personnalités de Florestan et d’Eusebius ? Comment aborder le caractère obsessionnel et passionné, voire délirant, qui peut entraîner l’interprète lui-même dans son tourbillon infernal ?
Fabrizio Chiovetta trouve une réponse dans un jeu simple. Son expression n’a rien à voir avec la démonstration virtuose ni avec un romantisme exacerbé, maniéré, ou excessif. Ainsi, dans la Fantaisie, son tempo est étonnamment constant. Pas de précipitation donc, et ce même dans la coda du deuxième mouvement. Et c’est justement cette permanence qui met curieusement en relief l’excitation intérieure. Une grande sérénité règne sur le 3e mouvement mais l’exaltation est bien là, dans un merveilleux équilibre entre ces deux caractères opposés.
Poésie et élégance
Dans les pièces courtes qui suivent, il y a d’abord la poésie, la rêverie, l’imagination. Et tout cela dans une élégance… simple. Tout au long des Scènes d’enfant, ainsi qu’un extrait de l’Album pour la jeunesse, la tendresse et la bienveillance de la petite enfance nous apaisent. Ici aussi, pas de rubato inutile, tout est in tempo mais avec beaucoup, vraiment beaucoup de délicatesse.
En bref, on s’exclame à la fin : « Mais quelle sensibilité ! »
Encore une chose : les photos de paysages crépusculaires (cela peut être à l’aube mais nous optons pour le crépuscule) correspondent parfaitement à la sérénité et la subtilité exprimées par Fabrizio Chiovetta, nous pensons particulièrement à la dernière pièce des Scènes d’enfants.
1CD Aparté. Enregistré en mars 2022 au Gustav Mahler Hall, Dobbiaco, Italie. Durée : 60’
Parution le 13 janvier 2013