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La Traviata à Liège en hommage à Stefano Mazzonis di Pralafera

par Victoria Okada

L’Opéra royal de Wallonie-Liège a diffusé en streaming, le 8 avril, une version de concert de La Traviata de Verdi, avec Patrizia Ciofi dans le rôle de Violetta. Captée les 19 et 20 mars dernier, cette diffusion sur le site de l’institution marque le début d’une série de concerts et spectacles repensés et remaniés pour s’adapter au protocole sanitaire imposé sous le contexte actuel.

L’Opéra royal de Wallonie-Liège (ORW) ne renonce pas à son 200e anniversaire profondément bousculé sous la menace de la pandémie. Il le fête autrement, en mobilisant toutes ses forces et en utilisant LE moyen du moment : vidéo en streaming. La série, qui comprend une quinzaine de représentations et concerts, est intitulée « Un instant d’Opéra – notre scène vient à vous ». Deux opéras en version de concert, cinq concerts (dont un symphonique et quatre avec chanteurs) et sept concerts « découvertes » de musique de chambre, sont visibles sur la page dédidée sur son site d’avril en juin. Ces concerts sont donnés à partir de la programmation initialement prévue, en réadaptant la distribution, l’effectif ou la présentation. Parmi eux, « Hamlet et le romantisme à la française » avec Jodie Devos, Marc Laho et Lionel Lhote sous la direction de Guillaume Tourniaire (6 mai), Cosi Fan Tutte de Mozart avec notamment Cyrille Dubois (Ferrando) et Sophie Karthäuser (Despina) et sous la direction de Christophe Rousset (27 mai) sont particulièrement attendus. Le 10 juin, les mêmes Cyrille Dubois et Christophe Rousset donneront, avec le baryon Leon Kosavic, un concert « Passionnément Mozart ».

La Traviata mémoriale

Cette série de concerts en ligne a donc été inaugurée le 8 avril par La Traviata, en hommage à son directeur général et artistique, Stefano Mazzonis di Pralafera, décédé brutalement le 7 février dernier. Outre un hommage musical qui lui a été rendu lors d’un concert (également diffusé en streaming-vidéo le 7 mars), l’opéra s’imprègne de l’esprit du défunt directeur, puisque la mise en espace de Gianni Santucci reprend la mise en scène que Stefano Mazzonis avait réalisée en 2009.

La Traviata – Ensemble © Opéra Royal de Wallonie-Liège

La Traviata – Chœur © Opéra Royal de Wallonie-Liège

L’orchestre est entièrement installé sur la scène. À l’avant-scène, sont placés des tables, des chaises ainsi que le lit de Violetta. Les personnages évoluent devant l’orchestre, ce qui réduit bien évidemment les scènes de fêtes avec la foule en absence des choristes, placés dans la salle. Les deux loges de côtés sont utilisées comme les portes d’entrée sur scène, une bonne idée qui marie parfaitement à l’image luxueuse des lieux où se déroule la grande partie de l’histoire. Pour compenser les décors réduits à quelques accessoires, des images, dont des tableaux de James Tissot ou autres peintres, sont projetées sur le fond de la scène.
Si les vues zoomées font le bonheur de spectateurs pour les détails difficiles à voir depuis la salle, elles montrent également des petits défauts (qu’on ne voit pas non plus sur place). Nos regards portent ainsi sur le coffre et le lit de Violetta, le cadre photo (oui, une photo plutôt qu’un portrait…) ou encore les tables, dont la finition laisse désirer contrairement aux costumes à de belles factures…

 

La Ciofi ou la domination douce

Trois chanteurs habitués de la maison tiennent trois rôles principaux : Patrizia Ciofi interprète Violetta, Dmitry Korchak chante le rôle d’Alfredo et Giovanni Meoni, de Giorgio. La représentation est largement dominée par Patrizia Ciofi qui nous étonne toujours par son éventail vocal, surtout dans ce rôle qu’elle tient depuis presque trente ans ! Son timbre légèrement cuivré et mat change de couleur selon les émotions incarnées, émotions qui sont d’ailleurs toujours justement exprimées. À la fin du fameux air du premier acte « Folie… Sempre libera », elle reste fidèle à la partition, sans monter l’avant-dernière note à octave au-dessus, comme font la plupart des cantatrices. Cela peut être perçu, avec d’autres moments moins sûrs, comme signe de faiblesse, mais le sens théâtral de Verdi est si puissant et l’incarnation de Ciofi dans le rôle si véritable que tout s’oublie, y compris la relative rigidité de Giovanni Meoni. Dmitry Corchak démarre timidement, mais dès l’acte II, il retrouve son entrain.

La Traviata – S. SCAPPUCCI © Opéra Royal de Wallonie-Liège

Le tout est bien mené par Speranza Scappucci*, la dynamique Directrice musicale, qui n’hésite pas à fixer des tempi souvent bien contrastés.
Vers la fin de l’opéra, lors de la lecture de la lettre de Giorgio Germont, on entend la voix enregistrée du regretté Stefano Mazzonis di Pralafera, tel un père veillant sur son enfant, en l’occurrence l’Opéra royal de Wallonie. Voilà une autre forme de l’hommage rendu à celui qui a dirigé la maison pendant près de quinze ans.

Stefano Mazzonis di Pralafera présentant les activités de l’ORW pendant la fermeture, en novembre 2020.

Informations sur les diffusions des prochains concerts, rendez-vous sur le site de l’ORW.

* Un communiqué daté du 20 avril a appris qu’elle a reçu ce même jour le grade de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République Française.

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