XIII.
Un titre à premier abord intrigant, mais il n’est pas si insolite que cela. Le nouvel album du Quatuor Ardeo est bâti autour de Black Angels de George Crumb, sous-titré « Thirteen images from the Dark Land for Electric String Quartet ». Les chiffres 13 et 7 sont les clefs de ce triptyque singulier : « Departure », « Absence » et « Return ». Le livret explique en détail les significations de ces chiffres liées à la construction de l’œuvre, qui sont d’ailleurs passionnantes.
L’enregistrement retient particulièrement notre attention pour l’association de Schubert à Crumb, et encore, de Monteverdi et Purcell à Schubert. Les quatre musiciennes placent, avant d’aborder Crumb, une brève transcription de madrigal de Monteverdi puis le Quatuor « Rosamunde » de Schubert. Ces deux œuvres sont de la même tonalité, et les harmonies chez Monteverdi résonnent comme une prémisse de Schubert. On réentend de loin la réminiscence de Monteverdi dans les accords qui accompagnent le thème de « Rosamunde » ! Sa mélodie au premier violon dénué de vibrato ou presque rappelle également les lignes polyphoniques. Le quatuor Ardeo nous offre le même plaisir dans Purcell après « Rosamunde » ainsi que le thème initial de la transcription du Lied La Mort et la Jeune Fille.
Le contraste avec ces pièces à caractère ancien et la modernité de Black Angels est fascinant, d’autant que Crumb cite ce dernier et d’autres références musicales du passé. À la fin, on entend de nouveau une transcription d’un Lied de Schubert, cette fois-ci Les Dieux de la Grèce.
La nostalgie (ou l’adoration ?) pour les temps reculés hante indéniablement ce disque merveilleusement construit, dans une interprétation forte et, d’une certaine manière, mystique.
On ne regrettera jamais d’avoir ce CD (physique) chez soi.
1 CD Klarthe, K104, Durée : 68’27.