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La Belle Hélène change de caractère à Lille

par Victoria Okada

Un régal sur le plan vocal

En revanche, c’est un régal sur le plan vocal (et le recours à la sonorisation est d’autant plus dommage !).  Cyrille Dubois incarne Pâris pour la première fois depuis une dizaine d’années. La clarté des phrasés et de la diction, l’élasticité de sa voix, notamment dans les aigus, le tout avec une précision millimétrée dans chaque note, sont toujours un plaisir pour les oreilles. Avec Gaëlle Arquez au timbre charnel et terre à terre, ils forment ici un couple vocal généreux et ample.  La mezzo offre un chant toujours radieux, même si le caractère de son rôle est altéré par les nouveaux dialogues jusqu’à devenir grave.
Eric Hucher, Marc Barrard et Philippe Ermelier aux voix larges, constituent le trio Ménélas-Agamemnon-Calchas non seulement puissant mais aussi excellent sur le plan comique.
Un autre trio Oreste-Parthénis-Léæna, par Aliénor Feix, Pauline Texier et Camille Poule, est caractérisé par la fraicheur de leurs couleurs toutes différentes, pétillantes et pleines de vie.
Raphaël Brémard chante délicieusement un Achille absolument bébête, alors que Marie Lenormand réinvente intelligemment le rôle de Bacchis qui s’efface dans cette mise en espace. Les deux Ajax, Sahy Ratia et Florent Karrer, s’amusent sous un uniforme de footballeur en déployant leurs timbres uniques.

Alexandre Bloch dynamite la partition

Alexandre Bloch dirige l’Orchestre national de Lille avec son énergie débordante habituelle, en dansant et en bondissant. Sa conception de tempo, assez personnel, dynamite la partition, en rendant certaines pages extrêmement vives et rapides, créant un contraste avec certains airs mélodieux. Parfois, le tempo change de façon flagrante à l’intérieur d’un air ou d’une partie orchestrale. C’est une de ses signatures qui fait transparaître sa vision traversée par le souci de rendre la musique plus vivifiante et pétillante, mais au détriment de la clarté pour certains passages. L’orchestre suit avec entrain ses indications, les musiciens connaissent maintenant mieux que quiconque leur chef et son tempérament ! Avec ces tempos, les notes rapides des chanteurs sont parfois noyées dans le flux de l’ensemble (surtout dans l’acoustique généreuse du Nouveau Siècle). Ainsi, l’intention n’est peut-être pas pleinement audible aux oreilles de l’auditeur.
Les choristes en nombre restreint du Chœur de chambre Septentrion, répartis sur les deux côtés de l’arrière-scène, sont hélas assez inégaux. Les places qu’ils occupaient ne semblent pas avoir favorisé la masse vocale attendue.

Nous sommes donc sortis très mitigés de la salle, entre les voix jubilatoires des solistes et l’entrain orchestral sous la direction d’Alexandre Bloch d’un côté, et de l’autre, les textes ajoutés et modifiés qui ont totalement dénaturé l’œuvre.

Photos : Ugo Ponte © onl

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