Le ténor Jean-François Novelli donne en ce moment deux spectacles (en reprise) au théâtre Les Déchargeurs, dans le quartier des Halles. L’un, Ma vie de ténor (est un roman qui m’intéresse beaucoup) et l’autre, Croustilleux La Fontaine. Nous avons d’abord vu le premier de ces deux bijoux.
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Ma vie de ténor (est un roman qui m’intéresse beaucoup) conte une vie pleine de rebondissement d’un ténor, d’après les textes de Berlioz. Le compositeur sulfureux de La Symphonie fantastique, quand il n’inscrivait pas des notes de musique sur les portées, plongeait son plume dans l’encre pour évoquer ce qu’il a entendu dans les salles de concert, livrer ses réflexions ou juger le travail de ses collègues. Enfant du romantisme, épris de grandeur, il avait sa fougue et son ironie ; ses phrases sont tour à tour enthousiastes, acerbes, railleuses, tendres ou parfois destructrices.
Jean-François Novelli a sélectionné quelques-unes dans cet immense corpus littéraire berliozien, plus précisément dans la 6e Soirées d’orchestre, et y a ajouté quelques Flaubert et Maupassant. Ensuite, il prend des airs et des mélodies de Gioacchino Rossini, Hyacinthe Jadin, Louis Niedermeyer, Gaetano Donizetti, Piotr Ilitch Tchaïkovsky, Georges Bizet… et en invente lui-même quelques-unes. Le tout fait un spectacle de 75 minutes. Une telle sélection ne peut se faire que quand on connaît les partitions en profondeur, tellement cela « colle » aux propos. Bref, un véritable travail de chercheur !
Une vie défile alors devant nous : enfance et adolescence prometteuses, première expérience sur scène, grand succès en Italie (avec une séquence de chant en italien morte de rire), retour en France, perte de voix… Mêlant des clichés, lieux communs, caricatures, mais aussi appréhension et incidents qui pourraient réellement se produire, ce spectacle est un véritable résumé d’une vie de chanteur que présente Jean-François Novelli, en parfait connaisseur quant à tous les aléas du métier.
Le changement de costumes (dont le choix est à la fois judicieux et amusant) et les gestes grandiloquents participent également à créer un enchainement de scènes parsemées d’autodérisions, et on en rit beaucoup, surtout quand on connaît ne serait-ce qu’un peu ce milieu finalement impitoyable… Et la mise en scène d’Olivier Broche joue avec ces éléments, entre le passé et le présent, l’imaginaire et la réalité.
La scène finale est un peu triste, c’est du romantisme de Berlioz qui l’emporte. Mais on sait qu’il y a tant d’autres fins, heureuses. Comme la reprise de Ma vie de ténor à ce théâtre qui vient de reprendre la vie.
Représentation du 21 octobre
Un spectacle de et avec Jean-François Novelli
Texte : Hector Berlioz, Gustave Flaubert, Guy de Maupassant
Adaptation : Olivier Broche, Jean-François Novelli
Mise en scène : Olivier Broche assisté de Kenza Berrada
Lumières : Emmanuelle Phelippeau-Viallard
Décors : Kenza Berrada
Costumes : Kenza Berrada, Adrien Chombart de Lauwe
Piano : Romain Vaille
Prochaines représentations aux Déchargeurs
Ma vie de ténor (est un roman qui m’intéresse beaucoup) : mercredi 27 et jeudi 28 à 21 h