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Meilleures ventes CD de l’année Beethoven au Japon

par Victoria Okada

Le magazine japonais Aera a publié, 3 décembre dernier, les vingt meilleures ventes au Japon de CD Beethoven de janvier à septembre 2020, pour le 250e anniversaire du compositeur.
De la 11e à la 20e place, on voit les symphonies et le concerto pour violon par Bruno Walter et par Herbert von Karajan, les sonates pour piano par Igor Levit et Wilhelm Backhaus, les sonates pour violon par Sayaka Shoji et Gianluca Cascioli, la même intégrale par Daishin Kashimoto et Constantin Lifschitz.
Parmi les top-10, citons notamment l’intégrale des symphonies par le Philharmonique de Vienne dirigé par Andris Nelsons, la symphonie n° 5 par Teodor Currentzis et MusicAeterna, les trois dernières sonates par Maurizio Pollini, l’intégrale des sonates pour piano par Andras Shiff.

Si on note la présence de Backhaus et de Walter, ce qui est plutôt étonnant par rapport à la tendance en Europe (ils y sont surtout connus chez les mélomanes avertis et seraient loin de figurer sur la liste des meilleures ventes), les répertoires choisis sont très conventionnels. De nombreuses intégrales correspondent à leur goût pour la série et à leur esprit de collection — que l’on retrouve souvent dans l’art, comme les estampes Trente-six vues du Mont Fuji de Hokusai pour ne citer qu’un exemple.

Qui a remporté la couronne ?

Le pianiste Kotaro Fukuma, avec les trois sonates Tempête (17e), A Thérèse (24e) et la dernière. Etonnant, non ? Il est suivi d’un autre pianiste, Nobuyuki Tsujii, pour les trois sonates les plus célèbres : Pathétique, Clair de lune et Appassionata.
Fukuma est largement connu des mélomanes français et très apprécié pour la finesse et l’élégance du jeu. C’est un musicien curieux et explore sans cesse un nouveau répertoire. Il transcrit par ailleurs des œuvres orchestrales pour piano ; il a récemment publié quelques-unes de ses transcriptions dans le CD France Romance.

Vidéo enregistrée en direct au salon Bechstein à Tokyo, le 5 avril 2020

Tsujii a, à ma connaissance, donné trois récitals à Paris, le premier à l’Auditorium du Louvre, puis deux fois au Théâtre des Champs-Elysées. Son répertoire ressemble pour l’instant au programme de grands concours internationaux, point que l’on souhaite vivement voir évoluer.

Deux artistes atypiques

Le plus intéressant dans ce palmarès, c’est la présence de deux artistes atypiques dont on ne verra certainement pas le nom dans la catégorie musique classique en Europe.
L’un concerne Jo Hisaishi, très célèbres auprès des fans et des geeks de ce qu’on appelle « sub-culture » japonais : jeux vidéo, dessins animés, mangas… En effet, il est le compositeur attitré de Hayao Miyazaki et de Takeshi Kitano et attire de nombreux admirateurs, parfois inconditionnels.
Encore plus étonnant, car presque totalement inconnu au public français et européen, c’est Aoi Mizuno. Il est compositeur, chef d’orchestre et… DJ de la musique classique ! En se servant de sa compétence en tant que compositeur et chef, il mixe des motifs et des thèmes d’œuvres de musique classique pour procéder à des improvisations sonores, analogues et numériques. Il a été invité à la folle journée de Nantes l’année dernière (2020) et « joué » tous les soirs au kiosque, pour clôturer la journée dans une ambiance disco. Je l’ai interviewé à cette occasion et présenterai bientôt notre entretient. Son album primé s’intitule Must it be ? It still Must Be (chez Universal Music Japan), qui fait référence, bien entendu, à « Muß es sein ? Es muß sein ! » que Beethoven a inscrit sur la partition du dernier mouvement du dernier quatuor.

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