Accueil ScènesConcerts Rencontres musicales d’Evian #3 – Soirée de musique de chambre

Rencontres musicales d’Evian #3 – Soirée de musique de chambre

par Victoria Okada

Le deuxième concert dans la soirée du lundi à la Grange au Lac, dans le cadre des Rencontres musicales d’Evian, est consacré à la musique de chambre, avec des œuvres de Mendelssohn et le Trio de Ravel.

Mendelssohn : la beauté formelle ou les traits personnels ?

Quatuor Van Kuijk interprétant un Quatuor de Mendelssohn, 28 juin 2021 à la Grange au Lac d’Evian © Matthieu Joffres

Dans la première partie par le Quatuor Van Kuijk, deux Quatuors de Félix Mendelssohn, en la mineur op. 13 et en ré majeur op. 44 n° 1, résonnent eux aussi sous les bruits de tonnerres et de pluie battante. Contrairement à l’humidité ambiante, les cordes sonnent sèches. Et la joie et les tourments du compositeur romantique ne semblent s’exprimer qu’à moitié, ce malgré les coups d’archets habiles et les mains gauches virtuoses. Peut-être à cause de l’interprétation où règne un certain détachement… Est-ce dû au manque de maturité ? Certainement pas, car les musiciens sillonnent déjà depuis des années de nombreuses salles dans toute l’Europe. Il pourrait finalement s’agir d’une interprétation en somme assez classique — qui est très belle en soi — mais qui ne s’aventure pas beaucoup.

Le renouveau dans l’interprétation d’œuvres de Mendelssohn depuis une quinzaine d’années, avec des partis pris audacieux (insister sur le tourment et la passion, parfois avec grande violence, a tellement marqué l’esprit que si les musiciens ne proposent pas une expressivité fortement personnelle, présenter ce compositeur procure un certain sentiment de manque, même dans une interprétation propre et aboutie dans la forme. En ce sens, le cas de van Kuijk ce soir est significatif.
On note cependant de beaux moments : dans le finale de ce dernier, les quatre voix sont très distinctes mais l’ensemble est rempli de jeunesse et d’esprit, tout comme la fugue du 2e mouvement de l’opus 13 qui progresse dans un tempo retenu.

cloche qui annonce la reprise du concert après l’entracteà la Grange au Lac d’Evian © Matthieu Joffres

Trio de Ravel : un nouveau regard musclé du compositeur basque

Après l’entracte (car il y a un entracte, chose que l’on n’a pas vécue depuis maintenant longtemps !) Jean-François Heisser revient en compagnie du violoniste Pierre Fouchenneret et du violoncelliste Marc Coppey dans le Trio de Ravel. Et ils proposent un Ravel musclé, extrêmement dense. Ils jouent le Pantoum, indiqué « assez vif », dans un tempo très modéré, ce qui surprend un peu au début. De surcroît, au lieu d’une légèreté habituellement accordée à ce mouvement, les musiciens mettent un poids à chaque note, et semblent traiter les voix de manière horizontale comme s’il s’agissait d’une polyphonie. Et dans la Passacaille, le caractère polyphonique est repris dans cette continuité, avant un finale explosif. Avec un tel parti pris, on ne peut rester indifférent, d’autant que la robustesse a toujours cédé la place à la délicatesse ravélienne sur l’ensemble de l’œuvre.

JF. Heisser, P. Fouchenneret et M. Coppey dans le Trio de Ravel, 28 juin 2021 à la Grange au Lac d’Evian © Matthieu Joffres

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